Des événements qui ravivent la mémoire du risque

Les aménagements du XXème siècle, suivis d’une longue période sans crue, ont entretenu l’illusion d’un Rhône «domestiqué». Cette artificialisation a modifié les pratiques : l'urbanisation s'est développée et l'agriculture a investi des terrains autrefois occupés par des zones naturelles alluviales. Ces aménagements ont souvent introduit une séparation physique avec le fleuve, qui s'écoule dorénavant derrière des digues, et les riverains ont oublié le risque d'inondation.

Les crues de février 1990 sur le Haut-Rhône, puis celles d’octobre 1993 et janvier 1994 en Camargue mais aussi sur la Drôme et l’Ardèche, ont réveillé brutalement la mémoire d’un risque oublié.

En septembre et novembre 2002, puis en décembre 2003, des crues majeures sur le Rhône aval rappellent de nouveau les limites des protections et révèlent le manque d’entretien des ouvrages, dont les ruptures entraînent des dégâts considérables. La crue de décembre 2003 cause le déplacement de 32 000 personnes, les quartiers nord d’Arles restent trois semaines dans l’eau, le village de Comps est inondé sous 4 mètres d’eau pendant plusieurs semaines…S’ajoute à ce lourd bilan un traumatisme social et psychologique réel, bien que difficilement chiffrable. Une mobilisation forte des pouvoirs publics vers la prévention.

Ces catastrophes naturelles légitiment la demande publique d’une stratégie globale de prévention des inondations. Dès janvier 2004, le Premier ministre confie au Préfet coordonnateur du bassin Rhône-Méditerranée la mission d’élaborer et de mettre en œuvre cette stratégie en partenariat avec les Régions Provence-Alpes-Côte d’Azur, Languedoc-Roussillon et Rhône-Alpes.

 

Chiffres clefs

Vallée du Rhône

  • 32000 personnes déplacées et 1 milliard d’euros de dégâts dus à la crue du Rhône décembre 2003.
  • Plus de 1000 km² de terres agricoles menacées par une crue exceptionnelle.
  • Plus de 4 000 km de voies ferrées potentiellement inondables dans le bassin Rhône Méditerranée.
  • Près de 11 000 km de routes principales potentiellement inondables dans le bassin Rhône Méditerranée.
  • 30 % des riverains du fleuve Rhône vivent en zone inondable dont plus de 55 % à l’aval de Beaucaire.

Val de Saône

  • Plus de 100 000 personnes situées en zone inondable rien que dans la basse vallée de la Saône (71, 69, 01)
  • environ 200 établissements à population sensible (écoles, hôpitaux, crèches…) exposés aux inondations de la Saône
  • des dégâts matériels important dès la survenue de crues d’intensité moyenne (ex : crue de mars 2001, de période de retour 20 à 30 ans, occasionnant 280 millions d’euros de dégâts, crues de janvier 2018, d'occurrence décennale, entraînant des dommages estimés à plus de 100 millions d’euros)
  • Environ 50 000 ha de terres agricoles menacés pour des crues exceptionnelles (Q1000)